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24/03/2015

Politique française : le théâtre d'ombres

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Entre illusionnisme, cynisme et impuissance : 


 

 

L'Elysée et Matignon jouent objectivement l'un contre l'autre. Certes Hollande et Valls surjouent tous les deux l'optimisme : Hollande bredouille que « la reprise économique est là* », Valls gronde que « ça marche » car le PS aurait « mieux résisté que prévu » (!) et qu'il aurait « fait perdre le FN **»... Mais Valls pose au Grand Modernisateur pour 2022, donc élargit à dessein le fossé entre l'exécutif et les « archaïques » rouges-verts  ; alors que Hollande veut amadouer les verts et les rouges pour replâtrer la gauche en 2017 et se faire réélire (ric-rac) en passant, comme dit Libération, par ce «trou de souris ». Valls joue donc en sens contraire de Hollande, et devient objectivement son pire ennemi sur le théâtre d'ombres de la présidentielle.

Front de gauche et EELV sont-ils la prothèse que cherche Hollande ? Entre la mauvaise foi de Rugy-Placé-Cosse (qui baiseront la main de Hollande) et la mauvaise foi de Duflot qui (après avoir baisé cette main) rejoue à la contestataire, le parti pseudo-écolo est arrivé à la ruine : 2 %. Quant au Front de gauche, à 4,73 %, il a perdu son pari de « challenger le PS » avec l'aide d'EELV. Que Hollande pour 2017 en soit réduit à miser sur ces miettes, montre la consomption du pouvoir.

Et maintenant ? Valls annonce qu'il persistera inflexiblement à « poursuivre une politique qui va donner (?) des résultats » : politique et persistance qui exaspèrent le Front de gauche. Hollande avait annoncé la même chose que Valls avant le premier tour ; depuis la raclée, il reçoit ostensiblement le Front de gauche et EELV (on sait pourquoi), mais on voit qu'il continue de bénir Macron. Cette incohérence apparente traduit une  désinvolture  envers  les questions de fond, une vision de la politique qui se réduit aux combines de couloirs, et un franc mépris envers les citoyens que l'on  croit enfumables à merci. Quand la classe politique comprendra-t-elle que les affichages de postures  ne convainquent plus personne ? 

Ce ne sont pas nos médias qui vont l'aider à comprendre. Ils font semblant de prendre au sérieux les « signaux » de l'Elysée et de Matignon, comme si trois formules verbales et deux réceptions sous les dorures pouvaient dissoudre la réalité. La presse bobo presse le Front de gauche et EELV de « mettre de côté les postures rhétoriques et les calculs personnels » et de fermer les yeux, par exemple, sur « l'austérité ou l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes » : deux exemples du poids du néolibéralisme et des multinationales sur la politique économique française (ou ce qui en tient lieu)... Baptisons donc l'essentiel « fractures  à oublier», faisons comme si la politique Hollande-Gattaz avait « relancé l'emploi en période de perte de compétitivité » (sic), et abracadabra. 

 

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* La conjoncture apparemment favorable repose sur l'étiage provisoire des prix du pétrole, la baisse de l'euro et la nouvelle politique de la BCE. Mais la politique de la BCE (comme les cadeaux de Hollande au Medef) ne se traduit guère par une reprise des investissements : elle profite à l'actionnariat et au casino spéculatif. C'est l'impasse de la financiarisation, stade volatil du capitalisme.

** autre illusion d'optique. Se prenant pour BFM ou iTélé, nos dirigeants se calent sur les sondages et non sur les scrutins. L'analyse concrète de ces derniers sur dix ans montre que le FN grignote l'UMP et le PS, et que la France entre dans le tripartisme.

 

12:05 Publié dans Idées, Politique | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : politique, gauche

Commentaires

BONNE NOUVELLE

> L'effondrement d'EELV est une très bonne nouvelle: il fait partie (hélas pas seul) de ce qui brouille de la façon la plus nuisible, la compréhension de la question écologique en la confondant l'idéologie libertaire soixante-huitarde. Chic ! (ter)
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Écrit par : Pierre Huet / | 24/03/2015

PAS LE CHOIX

> Hollande n'a pas le choix de la politique Macron (à la rigueur de l'homme pour la conduire). Celle ci provient directement des GOPE, décidées par la commission européenne. Il doit donc faire avec puisqu'il n'entre pas dans son logiciel social-démocrate l'ombre de la possibilité d'une critique du transfert de la souveraineté économique à Bruxelles.
Il ne reste donc à Hollande que la manoeuvre et l'intrigue dans le théâtre d'ombres, petit jeu auquel il excelle.
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Écrit par : Olaf / | 24/03/2015

RÉVÉLATEUR

> Mais le théatre est parfois révélateur, et savoureusement !
http://www.lemonde.fr/elections-departementales-2015/article/2015/03/24/dans-l-aisne-miroir-d-une-france-coupee-en-trois_4600084_4572524.html
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Écrit par : Pierre Huet / | 25/03/2015

ENFUMABLES

> - "les citoyens que l'on croit enfumables à merci."
L'expérience montre que cette croyance n'est pas pur fantasme : en majorité, n'ayant plus de bases (spirituelles) solides, ils le sont bien (enfumables) et sans s'en rendre compte.
- "Quand la classe politique comprendra-t-elle que les affichages de postures ne convainquent plus personne ?"
Ce sont pourtant bien ces postures (théâtre d'ombres ?) qui parviennent à faire gober tout et n'importe quoi... la "classe politique" a tout compris, et en joue sans cesse.

F.

[ PP à F. - L'évolution de l'électorat montre néanmoins qu'une partie de l'enfumage ne fonctionne plus... (Je ne veux pas dire que voter FN témoigne d'une lucidité, mais que ceux des arguments anti-FN qui étaient factices sont démonétisés). ]
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Écrit par : Fondudaviation / | 25/03/2015

EUROPE

> il serait temps que les évêques comprennent que nous répéter que "l'Europe c'est la paix" finit par ressembler aussi à de l'enfumage. Si "l'Europe c'était la paix" ce serait merveilleux, mais d'abord ce n'est pas exact, et ensuite l'UE c'est aussi bien autre chose hélas. Par exemple le tyrannie de l'argent et des élites de paradis fiscaux. Tout le monde le sait. Si le FN monte c'est parce que l'UE est ainsi. Etre dans le déni ne mène qu'à se discréditer dans l'opinion.
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Écrit par : RL / | 25/03/2015

Les commentaires sont fermés.